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La démocratie est le régime politique dans lequel le peuple est souverain.
mardi 17 janvier 2012
par Patrice Loubon



" Il est difficile d’obtenir les informations dans des poèmes bien que des hommes meurent misérablement tous les jours par manque de ce qu’on y trouve "
William Carlos Williams


Depuis son invention, la photographie a toujours eu à voir avec la société et les événements majeurs ou mineurs de notre histoire humaine. Moyen de contrôle ou instrument de liberté, la photographie est au centre de nos activités. Elle participe comme un miroir aux mille facettes, à notre prise de conscience du monde, de ses potentialités comme de ses désarrois.

Je me souviens de cette femme, cette maman chilienne, dans le film « La ciudad de los fotografos » de Sebastian Moreno, qui nous dit du fond de son être regardant une photo avec ses enfants, dont certains seront des disparus de la dictature, que « ne pas avoir de photographie de sa famille, c’est comme ne pas appartenir à l’histoire de l’humanité ».

La photographie moderne et populaire commence là, au sein du noyau familial, quel qu’il soit et qui que l’on soit. J’ai commencé la photographie avec mon père à l’âge de 12 ans. Elle ne m’a plus jamais quitté. Peu à peu, m’ouvrant au monde et « délaissant » ce premier espace affectif, je m’emparais de l’appareil comme d’un outil sensible de reconnaissance pour me « familiariser » avec les nouveaux et différents contextes que je traversais.

La découverte de certains auteurs m’a aussi durablement affecté. Nombres de mes prises de conscience critque, sociale et politique passent à un moment ou à un autre, par la rencontre avec leurs mondes. Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Boubat, Willy Ronis, Larry Clark, Walker Evans, Diane Arbus, William Eggleston, Robert Adams, Lewis Baltz, Marc Pataut, Paz Errazuriz, Claudio Perez, Zaida Gonzalez, Roger Ballen, Hicham Benohoud… la liste serait longue à énoncer de ceux qui m’ont ouvert les yeux sur nos vies, notre environnement et nos luttes. Je les porte en moi comme autant de voix qui peuvent aujourd’hui s’exprimer par mon propre regard.

Regards « d’énonciateurs », regards lucides, regards ironiques, regards critiques, regards froids, regards humains, regards démocratiques, la photographie est définitivement partout, scrutant tout, jaillissant là où on ne l’attend pas… hurlant des vérités (ou des mensonges) telle un enfant, nous permettant d’interpréter le monde de façon sensible, historique, poétique, informative et plastique, l’outil indispensable de la démocratie .